Article tiré du site national du SNES.
Les décrets et textes sur la gouvernance de l’établissement et la réforme du lycée sont parus au Journal Officiel du jeudi 28 janvier 2010, les projets de programmes de Seconde sont en consultation sur Eduscol depuis le 27 janvier : dans les établissements, refusons cette réforme, dangereuse et inapplicable !
Le SNES exige le retrait des décrets et arrêtés. Il appelle la profession à se mobiliser dans les établissements.
Que faire dans son établissement : organiser l’action !
– Demander et investir les demi journées banalisées d’information sur la réforme ;
– Exiger la consultation du Conseil d’Administration (CA) pour toute demande d’ouverture / suppression d’enseignement par le chef d’établissement au rectorat ;
– Préparer la répartition des moyens sur la base des structures et des revendications de l’an dernier et la proposer au vote en CA ;
– Neutraliser le conseil pédagogique (modalités selon le contexte local) ;
– Refuser la mise en place des groupes de compétences en Langues vivantes (LV) ;
– Susciter des réunions avec les parents.
Il s’agit dès maintenant de faire la démonstration que la réforme est inapplicable, qu’elle se traduit par des baisses horaires dans toutes les disciplines, que l’accompagnement personnalisé (AP) est une régression par rapport même à l’existant, que les élèves les plus en difficulté sont les plus malmenés.
Préparation de la rentrée : la grande improvisation
Le calendrier de préparation de rentrée est-il soluble dans celui de la réforme ?
Le Ministère communique tous azimuts : recteurs, chefs d’établissements, enseignants, élèves et maintenant parents ont reçu lettres, diaporamas, brochures et autres courriels de présentation et d’incitation à soutenir la réforme et sa mise en place. Officiellement, tout va bien !
Pourtant sur le terrain, recteurs et chefs d’établissement s’agitent en ordre dispersé, tentant tant bien que mal de trouver les moyens de traduire concrètement les errements ministériels.
Les chefs d’établissement mènent des tractations de couloir pour répartir enseignements et dédoublements, tout en convoquant des instances (coordonnateurs, conseil pédagogiques etc.) priées de se mettre au travail sur la classe de Seconde.
Dans une lettre aux recteurs, le Ministre indique qu’il faut présenter au prochain Conseil d’administration dans les lycées un document simplifié indicatif et reporter les décisions au printemps. Le SNES dénonce cette consigne : la répartition des moyens peut avoir des conséquences sur les ouvertures/suppressions de poste par le rectorat. Si laisser au local la gestion de la pénurie est un des axes centraux de la réforme, le ministère ne peut pas permettre que cette gestion mette à mal sa communication résolument angélique. A nous de démontrer dans la pratique au sein des établissements que la réforme est non seulement dangereuse mais encore inapplicable et de le faire savoir.
Accompagnement personnalisé (AP) : foire à tout.
Toute heure en petit groupe sera prise sur la dotation globalisée. L’équation à résoudre est simple : plus il y a de moyens dégagés pour l’AP, avec pour objectif de vraiment « personnaliser », et plus les possibilités de dédoubler les heures disciplinaires fondent. Bref plus on améliore l’ « extérieur » des cours, plus on dégrade l’intérieur. Le cadrage flou (soutien, approfondissement, orientation, interdisciplinarité) donne lieu à interprétations multiples. Certains annualisent, d’autres reprennent le modèle de l’aide individualisée, ou l’emploient au maintien de sections européennes ou de classes à projet, etc.
Au bout du compte, qui y gagne ? Les élèves qui perdent heures disciplinaires et aide individualisée ? Les personnels qui voient leurs missions s’empiler et leurs conditions de travail se dégrader ? La qualité de la formation qui sera construite sur des disciplines dénaturées et une réduction de l’offre ?
Groupes de compétences en LV : refuser leur mise en place.
Les réunions d’équipes disciplinaires se multiplient. Le SNES appelle à refuser la mise en place des groupes de compétences, dont l’obligation ne figure à l’heure actuelle dans aucun texte.
Enseignements d’explorations (EDE) : qui et pour quoi faire ?
La carte des EDE et des options facultatives semble fortement suggérée par les recteurs, et leur ouverture adaptée de l’existant.
Les contours de ces enseignements sont tellement flous (diverses disciplines peuvent en prendre tout ou partie en charge) qu’il est difficile à l’heure actuelle de les faire entrer dans la répartition des moyens disciplinaires (d’où les consignes pour les CA, voir plus haut). Les ajustements se feront-ils pour des raisons pédagogiques ou de service ?
La consigne du ministère est de ne pas insister sur ces enseignements dans la communication vers les familles. Il s’agit sans doute de dissimuler le fait que les lycées ne sont pas prêts alors que les parents de 3e commencent à réfléchir à leurs demandes d’affectations pour l’an prochain.
Vous avez dit abondements ?
Les moyens supplémentaires (au delà des 39h/division de Seconde) sont rares. Ils permettent parfois le maintien d’options facultatives, non le financement des enseignements technologiques.
Tutorat : c’est non !
Certains recteurs ont annoncé compter sur le bénévolat !
Textes parus au Journal Officiel du 28 janvier 2010.